Rencontre avec les « enfants de Mécénat » au Laos - Portrait de Boumni

Il y a quelque mois, alors que nous faisions encore route vers Istanbul, nous vous racontions l'histoire de Dylan, enfant du Bénin, ayant eu la chance d'être opéré en France grâce à Mécénat Chirurgie Cardiaque. A l'occasion de notre séjour au Laos, nous avons eu la possibilité de rencontrer certains enfants opérés ces dernières années par et grâce à Mécénat Chirurgie Cardiaque dans ce pays. Ces enfants sont aujourd'hui en parfaite santé et mènent une scolarité exemplaire grâce à un système de parrainage scolaire instauré par Mécénat. Boumni est l'une de ces enfants et nous avons passé une après-midi en sa compagnie et celle de sa mère pour entendre leur histoire.



Et celle de Boumni est singulière. Non pas seulement car elle a survécu à une malformation cardiaque mais aussi car sa maladie a bouleversé le destin de sa famille toute entière. A sa naissance pourtant et alors que sa malformation cardiaque est identifiée très rapidement, ses chances de survie sont faibles. L'hôpital local n'a pas les moyens ni les compétences pour la prendre en charge et lui permet tout au plus d'améliorer son confort. Durant les premières années de sa vie, Boumni porte les marques physiques de sa maladie : croissance fortement ralentie, extrémités bleues et très faibles capacités physiques.

A cette époque, elle et sa famille, très pauvre, habitent en campagne à 30 kilomètres de Thakhek. C'est par le bouche à oreille que Kham, sa mère entend parler d'un médecin (Ndlr : Alphonse Pluquaillec) qui fait passer des visites médicales à Vientiane et peut venir en aide aux enfants atteints de malformations cardiaques. Kham se renseigne et prend très vite la décision d'emmener sa fille à la capitale. Boumni est détectée par l'association Santé France Laos à la fin de l'année 2002. Elle se rappelle encore aujourd'hui des mots du médecin : «On m'a demandé de courir trois fois de suite une courte distance. Je n'ai pu le faire que deux fois. Le médecin m'a alors dit que j'avais 5% de chance de survivre si je restais ici et 95% si je partais en France ». Le processus s'accélère et Boumni part en mars se faire opérer en France. Pour sa mère, il n'y a pas une seconde d'hésitation quant à l'envoyer à l'étranger pour l'opérer : « J'avais conscience que si mon enfant ne partait pas, j'allais la perdre. Boumni était très malade, elle était toute bleue, ses ongles étaient bleus. C'était très spectaculaire. »

Lorsqu'elle comprend la gravité de la situation, Marie, l'ancienne responsable des parrainages pour Mécénat Chirurgie Cardiaque habitant à Vientiane, prête une maison à la famille afin que celle-ci puisse rester en ville le temps de l'opération et jusqu'au retour de Boumni au Laos. Toute la famille quitte donc la rizière pour la capitale et attend les nouvelles de Paris. Et celles-ci se font rares, la principale raison étant la nécessité de couper l'enfant de son foyer le temps de son séjour en France. Un lien régulier entre l'enfant et la famille rendrait l'absence et les manques encore plus compliqués à gérer. Les mois qui séparent le retour de Boumni sont donc très longs pour sa famille. Mais pendant toute cette période, sa mère ne regrette à aucun moment de l'avoir envoyée en France, probablement la seule chance pour sa fille de survivre : « Avant l'opération, j'étais heureuse tous les jours de me lever et de voir que ma fille était encore en vie. C'était une victoire quotidienne. Et je savais bien qu'un jour elle ne serait plus là. Lorsque l'on m'a dit qu'elle était prise en charge en France, je savais que c'était la seule solution. C'était un soulagement.»



Boumni est opérée par Francine Lecas à Paris et malgré des infections qui retardent l'opération, celle-ci se passe parfaitement et la petite fille peut rentrer chez elle. La famille ne retournera jamais dans son village d'origine : la responsable des parrainages continue plusieurs années durant à lui prêter une maison, Boumni devant être suivie de très prêt après son opération et les parents devant subvenir aux besoins de la famille. Ils trouvent un emploi, leur niveau de vie augmente peu à peu et leur donnent la possibilité de louer la maison. Les parrains français de Boumni (Ndlr : famille qui permet le financement de sa scolarité) insistent, en plus des frais liés à l'école, pour que celle-ci apprenne le français. Elle profite donc des cours dans une école bilingue. La maladie de Boumni n'a donc pas uniquement changé son destin, elle a bouleversé celui de sa famille entière, lui permettant de sortir de la pauvreté et d'acquérir une situation stable à la ville.

Boumni a aujourd'hui 17 ans et rien d'apparence ne pourrait laisser croire qu'elle a subi une lourde opération du coeur. Elle pratique le sport, particulièrement le basketball et la danse, comprend très bien et parle un peu le français et rêve de longues études (elle souhaite travailler dans une banque), ses résultats scolaires étant au rendez-vous, toujours suivis d'un oeil attentif par la responsable des parrainages au Laos, Valérie Caralp (dont vous pourrez lire l'interview dans quelques jours sur notre site). La volonté de Mécénat Chirurgie Cardiaque de permettre aux enfants opérés de poursuivre un enseignement de qualité dans leur pays a été insufflé par Francine Lecas, souhaitant transformer la malchance initiale de ces enfants en une réelle opportunité de construire un futur prometteur. Le travail de Mécénat ne s'arrête donc pas le jour de l'opération, il continue bien au-delà pour permettre à tout enfant d'obtenir une réelle seconde chance. Boumni vient d'obtenir son premier diplôme de langue française et s'est inscrite pour le niveau 2. C'est grâce aux parrainages qu'elle peut aujourd'hui passer ces concours.

C'est une seconde chance aussi pour la mère de Boumni, qui très éprouvée par son expérience a décidé rapidement d'apporter son aide à Mécénat pour les enfants et les familles nécessitant des soins similaires. Au fil des années, c'est toute une communauté de mères et d'enfants opérés par Mécénat qui s'est formée aux abords de Vientiane et toutes les occasions sont bonnes pour se retrouver et discuter de leurs expériences respectives mais aussi pour rassurer celles et ceux qui traversent aujourd'hui une situation similaire.

Année après année, les « enfants de Mécénat » au Laos se font plus nombreux et avec eux les hommes et femmes prêt à donner de leur temps pour aider les nouveaux enfants atteints de maladies cardiaques. Le travail de Mécénat couplé à celui de Santé France Laos depuis une quinzaine d'année a permis à des centaines d'enfants à travers le pays de reprendre une vie normale et de bénéficier d'une réelle seconde chance.

 Article added on 2013-02-14 11:13:07




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